C'est le temps de l'investigation sur la morphologie et sur les comportements de Néandertal dont le portrait s'affine et s'humanise d'une séquence à l'autre.

A voir dans l'exposition

Les fossiles originaux de Néandertal sont ici rassemblés. Certains, dont sa calotte crânienne, ont rarement été exposés, tandis que d’autres, tels les vestiges de la sépulture de Spy (Belgique), n’ont été prêtés qu’une seule fois.

© MNHN-JC Domenech

D’après son endocrâne, Néandertal était doté d’un gros cerveau, parfois d’une taille supérieure au nôtre.

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Les fossiles originaux de Néandertal font face aux reconstitutions réalisées par des artistes depuis la découverte en 1856 d’une partie de son squelette dans la grotte Feldhofer (Allemagne).

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Les fossiles originaux de Néandertal font face aux reconstitutions réalisées par des artistes depuis la découverte en 1856 d’une partie de son squelette dans la grotte Feldhofer (Allemagne).

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S’il est vrai que les objets façonnés par Néandertal sont relativement rares, ils attestent néanmoins qu’il était capable d’innover et de créer des objets aux portées sybolique et esthétique.

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Néandertal se paraît-il ? Probablement, car des coquillages, des dents d’animaux perforées, avec gorge de suspension, des plumes et des serres de rapaces ont été retrouvés sur des sites d’habitat.

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Les fossiles offrent des clés de compréhension des rites funéraires et des expressions artistiques de Néandertal.

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Le squelette de l’individu de la Ferrassie 1. Le Grand abri de La Ferrassie est célèbre pour les huit sépultures, considérées à l’époque de leur découverte comme preuves absolues que les Néandertaliens enterraient leurs morts.

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Certains fossiles présentent des pathologies spécifiques, comme l’arthrite, l’arthrose ou encore des cancers.

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Néandertal, des pieds à la tête

En 1829, un crâne d’enfant est trouvé à Engis en Belgique ; en 1848 un crâne complet à Forbe’s Quarry (Gibraltar)… Mais personne ne s’aventure à dire, en dépit des spécificités anatomiques constatées, qu’il s’agit de représentants d’une autre espèce humaine. Ces découvertes passent inaperçues.
C’est en août 1856 que Néandertal fait sa véritable entrée. Les ouvriers d’une carrière - dans la vallée (thal) de Neander, à l’est de Düsseldorf - découvrent des ossements et un fragment de crâne, ils les remettent à l’instituteur local, passionné d’histoire naturelle.

8 crânes de Néandertaliens sont réunis, dont pour la première fois la calotte crânienne de Neander prêtée exceptionnellement par le Musée de Bonn. Si les crânes ont été les premières pièces à conviction de l’existence d’un humain différent d’Homo sapiens, des squelettes plus ou moins complets sont venus affiner le portrait de Néandertal. On le connaît aujourd’hui de la tête aux pieds, comme en témoigne le moulage des empreintes de pieds dites de Rozel - du nom du site dans le Cotentin, où elles ont été découvertes en 2012. Chaque pièce a une double histoire, celle de sa découverte et de son interprétation. Qui l’a trouvée, comment ? À qui a-t-elle été confiée pour être étudiée et quelles furent les conclusions ? Des cartels et des photos restituent le contexte de la découverte de ces pièces fondatrices de l’histoire des sciences.

Le crâne de Neander, prêté exceptionnellement par le Musée de Bonn
Le crâne de Neander, prêté exceptionnellement par le Musée de Bonn, by © LVR-LandesMuseum Bonn, J. Vogel

Cette découverte cadre mal avec les théories scientifiques alors en vigueur. Dans sa mission classificatrice, la science occidentale a placé Homo sapiens en haut de l’échelle et fait se succéder les espèces de façon linéaire. L’aboutissement de cette évolution étant l’Homme moderne, Homo sapiens. Alors, ce crâne si différent ne pouvait être un autre Homo, mais plutôt un sapiens pathologique. Néandertal va longtemps pâtir de la hiérarchisation alors en vigueur, en dépit des découvertes majeures de la fin du XIXe et du début du XXe siècle : Spy en 1886, Krapina en 1899, Le Moustier en 1907, La Chapelle-aux-Saints en 1908, La Ferrassie en 1909, La Quina en 1911…

Le salon des représentations

En regard des fossiles originaux, 11 bustes du XIXe siècle illustrent les premières représentations en trois dimensions de Néandertal ; un exercice audacieux, entrepris à des fins muséographiques ou de vulgarisation, associant le plus souvent un scientifique et un artiste. Parmi ces bustes figure une série réalisée par le sculpteur Louis Mascré, à la demande d’Aimé Rutot, conservateur du Musée d’histoire naturelle de Belgique. Très peu réalistes, ces représentations correspondaient à la vision de l’époque et répondaient à la curiosité du public, attisée par les récentes découvertes dont la presse se faisait l’écho.

Sculpture de N. Montecucco, 1909
Sculpture de N. Montecucco, 1909 © Museo di Antropologia criminale « Cesare Lombroso », Université de Turin (Italie) / Goffi Roberto, by © Museo di Antropologia criminale « Cesare Lombroso », Université de Turin (Italie) / Goffi Roberto
 Vue de la vitrine des bustes
Vue de la vitrine des bustes, by © Nicolas Krief

Néandertal : un physique d'athlète, une tête bien faite

À quoi reconnaît-on un Néandertalien ?

On reconnaît Néandertal à sa morphologie différente de la nôtre dont témoignent les crânes et les ossements exhumés depuis le XIXe siècle qui ont été mesurés, comparés, radiographiés, scannés et analysés. Les caractéristiques du crâne : volumineux avec un front fuyant, des bourrelets sus-orbitaires qui forment comme une visière au-dessus des yeux, une face large, un menton peu marqué et une forme très particulière de la boîte crânienne, aplatie et allongée vers l’arrière comme un ballon de rugby.

Des caractères peu marqués chez l’enfant néandertalien dont la morphologie est plus proche d’Homo sapiens. La stature : plus petit que Sapiens (entre 1,52 m et 1,56 m pour les femmes et entre 1,64 m et 1,68 m pour les hommes), Néandertal a une bonne assise, il est trapu, avec des jambes courtes, des cuisses arquées, une large cage thoracique en forme de tonneau, des os robustes, des hanches larges, de fortes épaules et des bras longs et épais, capables de gestes amples. Une solide musculature enveloppe des os robustes. Le poids de l’homme est estimé en moyenne à 72 kilos avec des variations de 60 à 85 kilos. La paléogénétique a permis de compléter ce portrait : des gènes indiqueraient une couleur de peau claire et pour certains des yeux bruns et des cheveux roux et châtains.

Que sait-on de son intelligence ?

Dans la boîte crânienne de Néandertal il y a un cerveau, plus gros que le nôtre, atteignant jusqu’à 1 750 cm3. Le cerveau ne se fossilise pas, mais aujourd’hui les techniques d’imagerie permettent, sans altérer l’intégrité du fossile, en moulant virtuellement la surface interne du crâne, d’observer les empreintes sur la surface externe du cerveau et ainsi d’étudier la forme des lobes. Rien n’indique que Néandertal était moins intelligent que nous. Ses capacités cognitives lui ont permis de s’adapter et de survivre pendant près de 350 000 ans.

En savoir plus

 Du primitif à l'être humain à part entière : un nouveau regard sur Néandertal

Des fossiles sous surveillance

La collection Préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle abrite plus de 600 éléments de restes humains fossiles originaux, de provenance et d’époque diverses. Il s’agit notamment de Néandertaliens célèbres : La Chapelle-aux-Saints (Corrèze), La Ferrassie (Dordogne), La Quina (Charente), Malarnaud (Ariège), Fontechavade (Charente), Montmaurin ( Haute-Garonne), Pech-de-l’Azé (Dordogne) et d’hommes du Paléolithique supérieur.
Objets d’études, précieusement conservés dans les réserves du Musée de l’Homme et pour certains exposés dans la Galerie de l’Homme, les crânes sont des fossiles fragiles.

À l’occasion de l’exposition, un travail de restauration a été nécessaire pour nettoyer les vernis dont ils sont souvent enduits et surtout pour consolider leur structure, sans désolidariser le minutieux assemblage effectué au temps de leur découverte : parfois de petits fragments maintenus par des colles et des cires.

Restauration du crâne de l’enfant de Pech-de-l'Azé
Restauration du crâne de l’enfant de Pech-de-l'Azé, by © Nicolas Krief